À chaque retour du printemps, une vieille maxime fait surface dans les échanges entre investisseurs : l’idée qu’il serait plus judicieux de vendre ses actions en mai pour éviter les turbulences estivales. Cette croyance, bien ancrée dans les cercles financiers anglo-saxons depuis les années 1930, repose sur le constat que la période de mai à octobre serait historiquement moins favorable aux marchés boursiers. Mais faut-il encore y croire dans un contexte dominé par les marchés globaux et les algorithmes de haute fréquence ?
Ce concept se base sur un phénomène que l’on appelle « effet Halloween ». Selon plusieurs études, les marchés auraient tendance à afficher de meilleures performances entre novembre et avril. Une étude détaillée réalisée par deux spécialistes de renom international, Zhang Yi et Ben Jacobsen, a scruté plus de 300 ans d’informations relatives à 114 marchés financiers dans le monde entier. Leur conclusion est sans appel : en moyenne, ceux qui quittent le marché en mai obtiennent de meilleurs rendements que ceux qui restent investis toute l’année.
Sur le papier, cette stratégie semble séduisante. Elle afficherait une rentabilité annuelle proche de 9 %, contre 7,4 % pour une approche plus passive consistant à conserver ses titres. Toutefois, la réalité des chiffres récents nuance ce tableau. Selon les données de la Deutsche Bank, ce schéma n’a été gagnant que dans 13 des 27 dernières années sur les marchés européens. Aux États-Unis, la situation est encore plus incertaine : sur les 52 dernières années, cette méthode n’a surpassé la stratégie de conservation que 22 fois.
Plus encore, sur la dernière décennie, elle a échoué dans 7 cas sur 10. En 2024, suivre cette logique aurait même entraîné une perte de 1,6 %. Même en combinant les actions avec des obligations européennes, les performances s’améliorent légèrement mais sans faire de miracle.
Alors, est-ce une stratégie valable ou un pari hasardeux ? En définitive, il appartient à chaque investisseur de décider si cette vieille tradition mérite encore sa place dans une stratégie moderne de placement.